(via) rupta (latin) : route, road, ruta, weg, ... Via rupta signifie litéralement voie brisée, creusée dans la roche, pour tracer le chemin [1]. Here are fragments of my rupta.
[1] Comme nous le rappelle la définition francophone de route de Wikipedia.
Je ne pensais pas que ce serait si dur, comme on dit en Belgique, si difficile, de quitter cette ville. Mais il est temps pour moi de partir, de sortir de cette capitale qui évolue d’une manière qui ne me convient pas, ou plus. J’en ai besoin, pour continuer à vivre, j’ai besoin de te quitter Dakar. Chez toi, je ne me sens plus chez moi.
Le trafic qui augmente, la pollution qui empire, le manque et la disparition des espace verts, l’urbanisation galopante due à l’exode rural, les planifications avortées ou sans dialogue avec la population, la corruption à tous les étages, … Cet ensemble étouffant a eu raison de moi. Je n’arrive plus à être positive en vivant dans ce lieu qui se métamorphose.
Dakar est mon chez moi depuis 2005. J’y ai travaillé, dans le secteur du développement, de la micro-finance, du développement logiciel, des réseaux. Je l’ai quittée durant 2 ans, j’y suis revenu. J’y ai créé deux entreprises, j’y ai fait une faillite. J’ai découvert une partie de sa culture, de ses arts, de sa musique, de son architecture, de son histoire. J’ai aimé son cosmopolitisme, la diversité des personnes que l’on y croise, son dynamisme, ses habitants. J’y ai construit ma première maison. J’y ai rencontré plusieurs amis.
Mais à Dakar j’ai surtout rencontré la mère de mes enfants. J’ai été amoureuse, nous nous sommes mariées et quatre enfants ont concrétisé notre union. Seulement deux y sont nés, mais tous y ont apprit à marcher, à parler, à lire et à calculer [1]. C’est à Dakar qu’ils ont grandit. C’est ici qu’ils vont à l’école, qu’ils font du sport, de la musique, de la danse. C’est ici qu’ils ont leurs amis, et surtout, leur Maman.
C’est en pensant à eux, aujourd’hui, ce soir, que je suis mélancolique. Même si je ne pars pas loin, à quelques dizaines de kilomètres, à une ou deux heures de route, je n’habiterai plus dans la même ville qu’eux. Mais moi, j’y aurai des souvenirs, eux, ils y auront leur vie.
Dakar ne sera plus tout à fait mon chez moi, mais elle restera cependant la ville de mes enfants, la ville où je viendrai les retrouver et où je continuerai de les voir grandir. À nous revoir, Dakar !
[1] Même Silouan, à 4 ans, sait faire 2+2 !